Le rendu ou la texture finale de votre terre ne vous convient pas tout à fait ? Vous pensez à changer d’argile pour une terre plus malléable mais vous ne savez pas par où commencer ? Pourquoi ne pas laisser votre créativité s’exprimer en intégrant des matières insolites à votre argile crue. Certains matériaux ont des propriétés grandioses, ils peuvent améliorer votre processus de travail, tandis que d’autres vont totalement transformer l’apparence de vos poteries. On découvre ensemble comment ajouter 5 matériaux intéressants à votre argile et pour quel résultat.
Ajouter du papier à son argile
On pourrait penser qu’ajouter à l’argile une matière qui brûle à la cuisson est complètement illogique. Pourtant une argile qui contient du papier, communément appelée terre-papier a de grands avantages.
Cela permet de pousser les capacités d’une argile, comme la porcelaine par exemple, réputée difficile à manier. En effet, grâce aux fibres du papier, le modelage devient plus facile. On obtient des pièces plus fines, voire transparentes, on peut même réaliser des drapés.
Les assemblages entre les différents éléments sont également plus faciles. Il n’est pas nécessaire d’avoir des morceaux qui ont atteint le même stade de séchage comme avec l’argile classique. Associer un morceau humide avec un morceau sec est possible car la terre se ré-humidifie. Finalement, une argile papier fissure moins, elle se déforme moins, elle est tout simplement plus solide.
Une fois sèche, une pièce en terre-papier va être également plus facile à manipuler, elle ne va pas s’effriter. La porcelaine-papier devient ainsi un nouveau terrain d’exploration pour les sculpteurs.
À la cuisson également, la terre-papier est intéressante. La monocuisson et la cuisson raku se font bien, puisque le papier brûle en premier, et la structure microporeuse de l’argile supporte mieux les chocs thermiques. La pièce une fois cuite sera plus légère, plus fine.
Lorsque vous envoyez des œuvres par colis, ou exposez vos pièces au mur, comme c’est mon cas, c’est un avantage non négligeable !
Voici un livre que je vous recommande pour découvrir la terre papier :
La Terre-Papier: Techniques et créations
Ajouter du verre dans l’argile
Le verre peut donner de très beaux effets cristallisés sur une tasse ou un bol en céramique. Il est aussi possible de le mélanger directement à l’argile une fois qu’il est broyé. Attention toutefois à la manipulation de votre argile, elle peut être assez dangereuse. Certains artistes trouvent des alternatives, par exemple ils coulent cette argile dans des moules pour éviter le contact direct avec le verre.
Comment faire ?
Le type de verre et le type d’argile utilisés auront un impact important sur le résultat final.
Commencez avec des petites billes de verre qui ont une couleur intense, qui sont sécuritaires à manipuler, que vous placerez dans vos bols pour une cuisson lente. Comme le verre peut fondre assez rapidement sur vos céramiques, cela va vous éviter de ruiner votre four. Vous verrez de beaux effets apparaître !
Réservez toutefois cette pratique à des objets non alimentaires car le verre en cristaux crée une surface plus ou moins régulière. Il peut attraper les débris de nourriture.
Ajouter des clous dans l’argile
Si vous n’êtes pas bricoleur, pour une fois, planter des clous vous paraîtra très facile ! Ils vont rester incrustés dans votre pièce et faire entièrement partie de votre création.
Vous pouvez cuire des clous en acier à au moins 1060 degrés Celsius, mais possiblement plus, sans que ceux-ci se mettent à fondre. Faites également des essais avec des agrafes, du grillage, de la limaille de fer. Mais n’oubliez pas de porter des gants encore une fois !
À savoir : Le cuivre et le laiton vont fondre à une température moindre, méfiez-vous.
Ajouter des graines dans son argile
Tout cela vous paraît plutôt laborieux, car vous débutez tout juste l’apprentissage de la céramique ? Avez-vous essayé d’ajouter des graines comme matériaux à votre argile ? Elles vont brûler à la cuisson et laisser un espace plein de caractère selon leur forme initiale. Vous aurez décoré vos céramiques grâce à une texture originale que vous pourrez mettre en valeur grâce à des oxydes ou des émaux après cuisson.
Les lentilles, les haricots, le riz, et même les grains de couscous, vous donneront des résultats étonnants, plus ou moins subtils. N’hésitez pas à vous préparer des carreaux tests (assez épais) avant d’intégrer cette argile chamottée à la production de vos tasses préférées.
Comment faire ? Ajoutez une poignée de graines à votre argile bien fraîche et pétrissez. Vous allez ainsi obtenir toutes sortes de textures intéressantes. Vous pouvez aussi faire rouler délicatement votre pièce encore fraiche dans la matière.
Ajouter de la chamotte à son argile
La chamotte est une argile qui a déjà été cuite à haute température puis broyée avant d’être ajoutée à votre argile fraîche, que ce soit du grès ou de la faïence. C’est donc principalement un mélange d’alumine et de silice qu’on peut trouver de différentes finesses. Elle peut être aussi épaisse que des cristaux de sucre ou aussi fine que de la farine.
La structure de l’argile étant plus résistante, elle devient plus facile à façonner. Cela permet de réaliser des sculptures et projets de façonnage de plus grand format. Pas trop grossière, on peut aussi l’utiliser dans une argile de tournage pour les mêmes raisons. Attention, vous aurez les mains toutes douces à la fin de votre séance !!
Les avantages : L’argile chamottée va sécher plus rapidement et le retrait de l’argile sera moins important car elle contient moins d’eau (et oui, car la chamotte a déjà été cuite, je vois que vous suivez ! 😉)
Le séchage est aussi plus uniforme ce qui diminue le risque de fissures. De même à la cuisson, les risques de chocs thermiques et donc de fissures seront moindre qu’avec une argile classique.
La chamotte n’est pas uniquement utile, elle donne aussi un cachet particulier à vos créations, l’effet obtenu est plus brut, plus organique.
L’inconvénient : La chamotte contient aussi du fer, cela va influencer la couleur de l’argile, si elle est blanche ou claire, mais aussi vos résultats avec les glaçures. Par contre il existe une chamotte blanche appelé molochite. Elle est fabriquée en cuisant du kaolin brut à faible teneur en fer à des températures très élevées (environ 1500 C.), finement broyé, c’est idéal avec la porcelaine.
Que ce soit avec des fibres naturelles ou des matériaux alimentaires, il peut se dégager de votre four céramique des fumées dues à la combustion. C’est donc préférable de faire vos cuissons en extérieur ou bien de ventiler efficacement votre espace. Que cela ne vous arrête pas dans vos explorations avec l’argile, toutefois si vous avez des inquiétudes concernant les méthodes décrites ci-dessus, vous pouvez consulter un céramiste professionnel qui cuit régulièrement avec la technique de votre choix ou consulter le service local dédié aux incendies.
Avec tout ces matériaux, le plaisir de faire de la poterie est décuplé. Alors par quels matériaux allez-vous commencer à transformer vos créations en terre cuite ? Laissez-moi un commentaire ci-dessous et dites-moi tout !
Note légale : Cet article reste purement informatif, et je ne suis aucunement responsable des dommages éventuels encourus par vos cuissons. La pratique des cuissons céramique inclut des risques et nécessite d’être supervisé par une personne d’expérience.
51 Replies to “Quoi ajouter dans l’argile ? 5 matériaux à connaitre”
Bonjour et déjà merci pour cette belle mine d informations et d expérimentations ! Je souhaite incruster des galets de plage d environ 3 ou4 cm de long x2 ou 3 de large dans un plat en faïence . Y a t il un risque d abîmer le four ? Les galets peuvent ils éclater ? Et pensez vous que la terre et l argile risquent de se désolidariser à la cuisson ?quelqu un a t il essayé ? Merci beaucoup pour votre expertise et votre partage !