Comment vendre ses créations en céramique au bon prix ? (1/2)

vendre ses créations en céramiques

Vous aimeriez commencer à vendre vos créations en céramique, mais vous vous demandez comment en évaluer leurs valeurs pour vendre au bon prix ? Vous n’avez pas de méthode alors vous faites au jugé sans connaitre les prix du marché ? Ou vous avez peut-être tout simplement peur d’établir un prix définitif trop bas et de le regretter ?

Pourtant il est essentiel d’avoir une démarche stratégique lorsque vous voulez établir le juste prix de vos créations en céramique.


Nous allons étudier la question en 2 volets (publiés en 2 articles) : 

Partie 1 :

Comment calculer le prix de vente d’une création artisanale ?

Comment vendre ses créations en céramique à leur juste valeur ?

Partie 2 :

Comment ajuster le prix de ses créations ?

Comment assumer le prix de ses créations ?

 

Comment calculer le prix de vente d’une création artisanale ?

 

Étape 1 : Fixer votre prix de revient

Le prix de revient correspond à tous les frais directement engagés depuis la conception jusqu’au produit final. Il vous faut additionner :

  • les matériaux utilisés (y compris ceux pour la livraison),
  • les emballages (packaging, colis, etc.),
  • le salaire de base en déterminant un taux horaire multiplié par le nombre d’heures passées à la création. 

Vous allez diviser le montant total par le nombre de produits créés durant une période précise, un mois par exemple, pour obtenir un prix de revient.

Remarque : Je vois très souvent des calculs de salaire basés sur le salaire minimum ou moins. Je crois que c’est décourageant et contre-productif de sous-évaluer son salaire.  À noter toutefois que le SMIC est plutôt établit à ce stade comme coût de référence et non comme déterminant du salaire final que l’on veut s’octroyer, comme nous le partage Patricia en commentaires. merci Patricia 😉

 

Étape 2 : Définir la marge de vente de ses créations

La marge est la différence entre le prix de revient et le prix de vente réel.

Cette marge est essentielle car elle va servir à payer diverses charges mensuelles (téléphone, Internet, électricité, cotisations, etc). Attention on oublie souvent des frais, il n’est donc pas fou de prévoir une marge qui inclut des frais divers.

 

Étape 3 : Dégager un bénéfice

Une fois que vous avez retiré tous ces frais de votre marge, il doit encore vous rester un peu d’argent. Il s’agit de votre bénéfice.

Cette somme peut vous permettre de vous rémunérer, mais également de réinvestir dans l’entreprise surtout en démarrage. Cela sert alors à payer des matières premières, des équipements, des outils, des formations en poterie, etc…en fin de compte à se professionnaliser. Si votre bénéfice n’est pas assez important, surtout après plusieurs années, vous risquez donc de ne pas pouvoir aller de l’avant.

Sachez que vous pouvez différencier votre prix de gros du prix au détail qui sera 2 fois à 2 fois et demi plus cher (source ETSY). Également si vous vendez en boutiques et galeries vous aurez des commissions à prévoir.

 

Comment vendre ses créations en céramique à leur juste valeur ?

 

Prendre conscience de la valeur artistique

Vous ne vendez pas des hamburgers, mais de magnifiques créations artisanales. Que vous fassiez des pièces uniques, comme des sculptures ou des petites séries moulées ou tournées,  calculer le prix de vos œuvres sur le temps passé et les coûts engendrés n’est pas suffisant. Vendre ses créations au bon prix nécessite de reconnaitre également leur valeur artistique.

Voici quelques critères très utiles aux artistes pour établir leur cote. Ils pourront aussi influer sur la valeur perçue de votre travail par vos clients (et le prix psychologique) :

  • Votre notoriété, vos diplômes ou votre parcours (ex : vos formations et stages en poterie, céramique, entreprenariat…)
  • La qualité de votre travail, votre savoir-faire, votre professionnalisme
  • La rareté ou la complexité des techniques employées
  • La qualité des matériaux utilisés (faïence, grès, porcelaine, or, bois)
  • La quantité d’œuvres que vous créez
  • Vos efforts de communication : expositions, publications, etc.
  • La maturité, le style de vos œuvres.

Ces éléments vont évoluer avec le temps, et nécessitent d’être réévalués régulièrement. Certains critères seront de véritables forces à mettre en avant. Par exemple, vous êtes peut-être autodidacte, mais vous maîtrisez sur le bout des doigts la sculpture animalière, ou encore vous savez communiquer avec passion sur votre travail ! Je suis favorable à l’idée qu’il n’y a pas une seule façon de se mettre en valeur, mais qu’il est important de capitaliser sur ses forces, même si cela prend du temps.

 

Découvrir ce qui rend vos œuvres uniques

 

“ Certains peintres transforment le soleil en un point jaune ; d’autres transforment un point jaune en soleil. ” Picasso 

 

Essayez d’imaginer ce qui rend votre travail unique. Est-ce une technique particulière que peu d’autres personnes maîtrisent ? Ou bien la gamme de couleurs que vous utilisez ? Est-ce votre propos ou votre vision de la création ? Avez-vous un style graphique qu’on reconnaît tout de suite ? Testez vous systématiquement la durabilité de vos glaçures ?

Soyez confiant, si vous êtes passionné, vous allez vous améliorer.  Ensuite, c’est avec le temps et l’expérience que le style s’affine et que vos œuvres paraissent plus matures. Si vous voulez en savoir plus référez vous à l’article Comment définir son style.

 

Choisir un positionnement

Maintenant que vous avez conscience de vos coûts, du temps que vous passez à créer et de la valeur artistique de vos créations, vous pouvez adopter un positionnement par rapport aux prix de votre marché.  On parle d’entrée de gamme, milieu de gamme et haut de gamme, puis vient le luxe.

Cela vous permettra de déterminer à qui vous êtes susceptible de vendre, dans quel contexte (sur une marketplace, en galerie, sur des marchés par ex.) et l’image que vous souhaitez véhiculer.

Essayez d’être cohérent, si vous ne réalisez que des œuvres uniques élaborées, ne vous classez pas en entrée de gamme avec des tout petits prix, vous ne vous en sortirez pas. À moins que vous souhaitiez garder la céramique comme une activité de loisir créatif bien sûr pour vos proches.  Attention à ne pas vous surévaluer non plus en débutant, restez réaliste.

Allez voir la concurrence (ou pour le dire autrement les collègues céramistes) va vous aider à mieux positionner vos prix. Ne cherchez pas absolument à casser les prix par rapport à la concurrence mais plutôt à déterminer où vous vous situez par rapport aux prix du marché. Tirer les prix vers le bas est très contre-productif sur le long terme, cela dévalorise votre image (vous ne faites pas de la production de masse) et met sous pression tout le milieu. Je préfère voir la communauté des céramistes unie vers un but commun : mettre en avant la valeur du travail artisanal.

 

Vous aurez compris, le juste prix pour vos céramiques ne dépend pas uniquement d’un calcul mathématique, si utile soit-il. Vendre ses céramiques au bon prix implique d’en reconnaitre la valeur artistique et de se positionner de façon stratégique pour en augmenter la valeur perçue.

Dans la 2e partie de cet article nous verrons qu’on peut très bien ajuster ses prix intelligemment, augmenter ses prix tout en restant compétitif et les assumer !

Vous avez des questions ? Partagez-les avec moi dans les commentaires ci-dessous !


14 Replies to “Comment vendre ses créations en céramique au bon prix ? (1/2)”

Avant de m’installer céramiste, dans une vie antérieure, j’ai été enseignant et suis intervenu notamment dans des classes de BMA Céramique. Ma séquence de cours préférée était le calcul du coût de revient d’un bol, permettant de liste les coûts directs certes (matière, temps travail…) mais surtout les coûts indirects, ceux correspondant au fonctionnement général de l’atelier et à répartir sur chaque pièce pour déterminer réellement son coût de revient, et donc son prix de vente : le loyer, les charges d’électricité et de gaz pour les cuissons… Or généralement ces charges indirectes au minimum doublent le prix de revient d’un produit ! Difficile par conséquent de couvrir tous ces coûts par sa seule production, d’où la nécessité souvent d’envisager des cours, stages…

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Merci Olivier pour ce partage intéressant. Ces charges peuvent varier beaucoup selon la pratique et la location du céramiste, mais elles sont en effet bien importantes à considérer.

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Merci ! pour cet article très enrichissant.
Mettre un prix à sa valeur sur mes pièces était un obstacle difficile à accepter. Les explications sont très explicites.
Merci pour la rapidité de réponse aux différentes problématique.

Fabienne

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Article très intéressant et utile, merci beaucoup pour ce partage !

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Joly-Vagneux Sylvie

je découvre votre site avec bonheur car votre partage est très réconfortant pour la débutante que je suis. En retraite,je pratique le Raku chez moi,après une éducation très généreuse d’une artiste ,à cet art. Après 3 ans de pratique discontinue,je sens devoir travailler encore bcp avant d’imaginer la vente de mes productions. Le Raku est tellement une énorme part de la réalisation de la pièce……(feu +émail) qu’on ne peut que rester modeste…..
Je garde précieusement ces infos,si un jour,d’aventure il me prenait l’idée de vendre!!! Pour l’instant j’offre mes pièces aux personnes (réellement) touchées par cet art. MERCI,ce que vous faites est d’une aide importante.

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Bonjour Emilie,
je viens de lire votre article « Comment vendre ses créations en céramique au bon prix ? (partie 1/2) », je l’ai trouvé très intéressant. Comment se nomme la deuxième partie, est-elle en ligne ? Bravo pour tout ces articles mis à disposition de tout le monde, accessibles et concrets.
Emmanuelle Brouckaert, photographe et céramiste pendant le confinement 😉

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Bonjour Emmanuelle, merci ! La 2e partie sera en ligne la semaine prochaine. 🙂

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Pat Deroubaix

bonjour Emilie et merci de partager , je trouve cela très généreux et sympathique , et je pense qu’au Canada comme en France, les céramistes se posent les mêmes questions!
je réagis juste à votre remarque concernant le calcul du prix de revient, en se basant sur le salaire minimum.
« Remarque : Je vois très souvent des calculs de salaire basés sur le salaire minimum ou moins. Je crois que c’est décourageant et contre-productif de sous-évaluer son salaire, mais ce n’est que mon avis. »
C’est vrai que comptablement on va utiliser la référence du salaire minimum ( le SMIC en France): ce choix ne détermine pas le revenu que vous touchez en fin de mois, c’est juste une sorte d’indice, un coût horaire qui renseigne de manière homogène le prix de revient de votre produit. Ce n’est pas VOTRE temps que l’on mesure, mais le TEMPS NECESSAIRE pour faire un produit.
Choisir comme barème horaire le montant du SMIC (brut et chargé, soit deux fois le SMIC net, en France) n’est donc pas se sous évaluer ou se dévaloriser, mais équivaut au coût auquel quelqu’un d’autre en sous-traitance effectuerait ce travail ( le moins cher possible…et certainement moins bien !) c’est un indicateur comptable, une unité de compte. Et c’est très important de connaître son coût horaire dans un prix de revient de produit, car le coût matière est, somme toute, faible, donc la valeur du produit est vraiment dans nos mains… et notre organisation.
Votre rémunération, la vraie, elle sera dans votre bénéfice, et dans les yeux émerveillés de vos clients.
Voilà qui devrait effacer votre découragement!
un big hug depuis la Normandie.
Patricia

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Merci beaucoup Patricia pour ces explications lumineuses et encourageantes ! 🙂

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Bonjour,
Merci pour cet article.

INSTAGRAM @celiam.studio

J’ai commencé mes sculptures en céramique cette année et je ne savais pas comment les évaluer.
Ça m’a bien aidé.
Merci, et bonne continuation.

Celia M. Studio

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Charline

Bonjour Emilie,
Toujours super vos infos.
Je fais de la céramique depuis seulement 2 ans en cours du soir 1 x semaine et avec la covid, bcp de cours suspendus et peu de matières apprises. Heureusement votre guide m’est d’un grand secours.
Même si je fais cela en dilettante mettre la main dans la terre est un vrai bonheur que je partage quelquefois avec mon petit-fils Cody de 7 ans.
Bonne continuation,
Charline Belgique

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Floriane

Bonjour,
Je suis infirmière de profession et j’ai commencé la ceramique il y a 6 ans. Les 5 premières années, j’ai effectué des cours hebdomadaires, puis cela fait maintenant 1an que j’ai mon atelier.
Je pratique la poterie comme loisir, mais je vend de plus en plus sur commande.

Effectivement je trouve très difficile de fixer des prix.
Je ne suis pas professionnelle, je considère que mes pièces sont moins bien qu’un professionnel. Parfois il y a des petits défauts d’emaillage, parois pas assez fines, detail moins beaux, etc.
Et il faut le dire, comme je vend à des amis ou des connaissances, je me sens toujours mal à l’aise de fixer des prix hauts.

Merci beaucoup pour cet article, mais comment faire pour fixer des prix quand nous sommes pas professionnel, nous ne pouvons pas nous mettre à la même hauteur qu’eux?!

Cordialement

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Bonjour Floriane, on commence souvent par vendre à son entourage. Ce malaise des prix est parfaitement normal, toutefois si cela fait 6 ans que vous faites de la céramique et que vous vendez de plus en plus, c’est que votre travail plait et trouve sa clientèle. De plus vous avez des frais à payer j’imagine pour votre atelier. Je ne fais qu’ouvrir le débat car je crois qu’on peut avoir tendance à se sous-évaluer et cela a diverses conséquences. Je reparle de cet aspect dans la 2e partie de l’article qui viendra dans une semaine !

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Juliette Senevat

Bonjour
Merci de votre article très utile. Étant dans ma première année « professionnelle » je ne peux pas faire le calcul que vous détaillez, je fais donc mes prix « au jugé » selon ceux pratiqués et la complexité de mes pièces. Pourriez vous m’indiquer que représente les matières premières dans la coût de la pièce (fourchette ou moyenne) ? J’ai vraiment du mal à me rendre compte.
Merci !

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