Interview de Marko Savard, un céramiste aux multiples facettes

théière céramique

Marko Savard s’investit depuis longtemps dans le monde de la céramique québécoise. Il a su se frayer un chemin bien à lui : entre la poterie et les arts visuels, il a simplement choisi l’argile. Superviser un atelier de poterie, enseigner, tourner, dessiner sur l’argile, collaborer avec d’autres artistes, ou encore partir en résidence de création deviennent des activités complémentaires. Ce qui en découle ? Un univers artistique très libre, qui s’enrichit chaque jour, une connaissance approfondie des matériaux, et de la bonne humeur !

 

Comment as-tu découvert la céramique ?

J’ai découvert la céramique un peu par hasard. Je m’étais inscrit à l’ITHQ (école d’hôtellerie). Une amie faisait la formation du Centre de Céramique Bonsecours, j’ai visité et je suis tombé en amour avec les lieux ! En 1997, la formation se donnait en diplôme d’études professionnelles et ça coûtait 70$ pour l’année scolaire ! J’ai donc abandonné les cuisines pour faire une formation comme céramiste, je ne savais pas dans quoi je m’embarquais et m’y voici encore 25 ans plus tard.

 

Quel a été ton parcours comme céramiste ?

Marko Savard, le pont, 2012 (à gauche), la forêt (à droite), 2001

J’ai fait ma formation au Centre de céramique Bonsecours à Montréal en 1996-97 et puis Transit l’année suivante (un atelier de pratique post-diplôme). Ensuite un baccalauréat en arts visuels à l’université Concordia dans les années 2010.

J’ai exploré plusieurs médiums pendant mon passage à l’université, c’est un terrain de jeu incroyable pour un artiste ! Mais, par un concours de circonstances, je suis revenu à mon médium de prédilection, l’argile.

J’ai eu l’occasion de faire plusieurs workshops, stages et collaborations comme céramiste tout au long de ma carrière, c’est ce qui me stimule et définit bien mon parcours et ma vision du métier.

 

Y a-t-il eu des rencontres déterminantes dans ton parcours artistique ?

Absolument ! Je crois que ce métier en est un de partage. Mes étudiant-e-s, les gens avec qui je partage l’atelier et les gens qui y passent sont une source d’inspiration constante pour moi. Ils et elles alimentent mon quotidien à l’atelier et donnent un sens à mon métier.

Je peux aussi nommer Maurice Savoie, que j’ai eu comme mentor à l’atelier Transit.

La découverte de la terre vernissée provençale contemporaine et mes séjours en France à la fin des années ’90, entre autres.

Et bien sûr, Jean-Pierre Larocque, avec qui j’ai eu le plaisir de travailler en collaboration à maintes reprises comme pour la réalisation de son projet d’exposition à la Poste en 2019.

 

À quoi ressemble ton univers créatif et tes recherches actuelles ?

Marko Savard, Vases 2020, 2022.

Le décor a souvent été une partie importante dans mon travail. Ma première collection était ludique et colorée, j’ai développé une façon de travailler l’engobe en couches superposées pour créer du mouvement et de la profondeur dans les décors.

Après une période plus épurée dans mon approche de la céramique au début des années 2000, je suis récemment revenu à une recherche sur le traitement de surface.

De la pandémie est née une collection de pièces avec des visages très expressifs. J’utilise pour le décor surtout l’engobe, liquide, en pâte, en crayon plus sec. Je recuis souvent les pièces plusieurs fois, dans le cas des vases par exemple.

Ce qui est extraordinaire avec le métier c’est qu’avec mon expérience je me rends compte que je revisite des choses que j’avais déjà réalisées dans le passé. La création est comme une grande boucle qui revient, c’est réconfortant de réaliser qu’on a une expertise et une connaissance de la matière qui n’entrave pas l’acte de création.

 

Tu gères l’atelier de céramique l’aluminé, comment ça s’organise au quotidien ?

Marko Savard, bol classique, 2019

La gestion de l’atelier l’aluminé  demande bien sûr beaucoup de temps. J’ai une personne qui m’aide à l’entretien, aux cuissons et pour le recyclage de l’argile. J’essaie d’avoir un horaire assez stable et je me réserve les fins de semaine pour faire autre chose. C’est trop facile de travailler sans arrêt quand on est travailleur autonome mais il est important pour moi de garder un équilibre et de prendre des pauses.

 

À lire aussi : comment trouver le temps de modeler l'argile ?

 

Certains artistes viennent en résidence à l’atelier, en quoi cela consiste ?

tabouret céramique
Marko Savard, tabouret 2017

J’accueille des artistes qui ont envie de faire un projet en céramique mais qui n’ont pas les connaissances. Je les guide dans la réalisation de leur projet et ils s’intègrent à la vie quotidienne de l’atelier. Ça crée des moments d’échanges et de partage assez extraordinaires. 

L’engouement pour la céramique dans les arts visuels est en ce moment très tendance et je m’en réjouis, il y a une curiosité et moins de préjugés autour du matériau argile qu’il y a quelques années.

 

Quels conseils as-tu pour les débutants en céramique ?

La connaissance et la maîtrise de la céramique passe inévitablement par la pratique. Il faut donc travailler fort pour parfaire les multiples techniques, rester curieux des nouvelles approches, être humble parce que ce n’est pas toujours facile et faire constamment de la recherche pour faire évoluer son travail.

Le métier de céramiste peut être assez solitaire, il est primordial de se créer un réseau de contacts. La communauté peut souvent répondre à des questionnements sur la réalité du céramiste.

 

Que souhaites-tu explorer avec l’argile dans le futur ?

J’ai plusieurs projets en tête. J’ai fait des petites sculptures récemment et je les imagine en très grand. Je regarde du côté des projets d’intégration à l’architecture (j’aurais voulu être architecte quand j’étais petit) et ça me fait rêver ! ✨

 

Où peut-on voir ton travail actuellement ?

J’ai eu une grosse rentrée. J’ai participé à Parcours Céramique, à une vente d’atelier chez José Drouin et à une exposition de mon travail de recherche à la galerie Lewis à Québec.

Les prochains mois s’annoncent plus tranquilles, je prépare une expo en duo à la Petite Place des Arts à St-Mathieu-du-Parc en avril prochain.

J’expose de façon permanente à Benz Gallery à London en Ontario, et à Montréal dans les galeries boutiques Femme Mécanique et TahDah.

En savoir plus :

Toute l’actualité de Marko Savard

Instagram de Marko Savard

👉 Vous avez aimé l’univers ou la démarche de Marko Savard ? N’hésitez pas à laisser un commentaire !


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