J’ai instantanément accroché avec le travail du céramiste David Courteau, que j’ai découvert lors d’une expo-vente d’atelier. Vif, stimulant, éclaté et pourtant épuré, voilà ce qui définit pour moi l’univers artistique de ses poteries utilitaires. Intriguée par ses traitements de surface avec la porcelaine, ses jeux de couleurs et de matières, j’ai décidé d’en savoir un peu plus sur son approche. Je vous partage ma rencontre avec David Courteau, un vrai junkie de la poterie ! Voilà de quoi se rappeler que pratiquer la céramique c’est avant tout une affaire de passion !!
Comment la terre est entrée dans ta vie ?
C’est mon amie céramiste Alexandra Levasseur qui m’a mis en premier en contact avec l’argile et les techniques de façonnage. L’année précédant la pandémie, j’avais mis les mains dans la terre durant un cours de façonnage à l’atelier du céramiste Marko Savard. Et Marko m’a permis de faire une rencontre magique avec les engobes et les pigments.
Étant d’abord chef pâtissier au restaurant Leméac à Montréal, je ne pouvais pas consacrer beaucoup de temps à la céramique. La pandémie a provoqué les choses car j’ai été soudainement en pause au restaurant pour de longues périodes.
Cela a été très bénéfique pour mon apprentissage et mon développement avec l’argile. C’est durant la pandémie que j’ai pu développer mes propres techniques. Je suis devenu un vrai junky de la céramique. Et j’ai eu la chance de créer avec Marko une relation d’apprenti en étant 7 jours sur 7 à l’atelier.
Quelle est ta technique avec les engobes ?
J’ai développé ma technique un peu par hasard. J’étais ennuyé par ce que je fabriquais, c’était commun et banal. Je recherchais une identité forte pour que mes objets se démarquent. Je n’avais pas trop la motivation de continuer en faisant la même chose que les autres.
J’ai eu une envie de donner à la porcelaine des allures de pierre hautement colorée. Puis j’ai aperçu au loin dans l’atelier les engobes reposant dans leur contenant. À l’état liquide je n’y ai pas trouvé grand intérêt. Par contre, beaucoup d’idées que j’avais en tête pouvaient se prêter à cette matière une fois transformée en pâte d’engobe. Entremêler les différentes couleurs de pâte d’engobe ensemble, puis les entremêler avec la porcelaine, voilà qui devenait captivant !
Je fais dans un premier temps une coloration en surface de la porcelaine avec les pâtes d’engobe. Par la suite j’interviens avec des outils pour découper, mes mains pour déchirer, un rouleau pour écraser. Je fais tous ces gestes de façon très aléatoire, je travaille un peu à l’aveugle si je peux dire.
Ensuite je décide quoi faire avec mon « canevas » : un bol, un vase ou bien un gobelet.
Quelles sont tes motivations pour créer avec l’argile ?
C’est une matière malléable qui se prête bien à mes idées. Les possibilités sont infinies et parfois j’ai peur de ne pas avoir assez d’une vie pour tout faire ! J’ai une fascination totale devant l’argile qui se transforme et passe de l’état cru à une céramique à la sortie du four.
Mettre les mains dans la terre, que ce soit dans le jardin, dans la nature ou dans un bloc de porcelaine est très apaisant, voir même thérapeutique.
Les nombreuses choses que je peux voir sur Instagram ou durant mes voyages influencent aussi le développement de mes créations. Mais mon point de départ est très souvent une réponse à un besoin personnel. De là s’enchaînent des prototypes conçus de façon intuitive, soit au tour soit en façonnage.
À quoi ressemble pour toi une journée type à l’atelier ?
J’arrive tôt, voir même très tôt à l’atelier, j’y suis à 6h le matin. Bizarrement, j’ai besoin d’un lieu calme et silencieux pour commencer la journée. Je suis locataire dans un espace dédié à la céramique. Donc, par moment, il peut y avoir beaucoup de personnes à la fois.
Et c’est en chemin vers l’atelier que je vais décider ce que j’ai envie de faire.
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Quel conseil d’ami as-tu pour quelqu’un qui débute la céramique ?
Faire un bol est très facile, tout le monde en est capable. Par contre, est-ce que le résultat sera en réponse à tes attentes, j’en doute fort. Il faut être patient et prendre le temps d’acquérir les techniques. Il faut aussi se laisser le temps de faire connaissance avec l’argile, apprendre à la connaître, car chaque sorte d’argile a une personnalité. J’ai souvent l’impression que je travaille avec quelque chose de vivant. Je dois m’acclimater à l’argile en quelque sorte et accepter ses qualités et ses défauts. Parfois l’argile n’en fait qu’à sa tête, il est bien d’accepter qu’il y aura beaucoup de pièces ratées mais aussi beaucoup de belles surprises.
Quels sont tes prochains projets avec l’argile dans le futur ?
Je souhaiterais expérimenter des cuissons avec un four au gaz. Aussi, je souhaite faire des expérimentations avec des pièces plus imposantes. J’ai aussi le fantasme de participer à une exposition de groupe. En attendant, les personnes intéressées prennent rendez-vous à l’atelier pour voir mes dernières productions.