Vous souhaitez débuter la céramique mais vous êtes un peu perdu dans les étapes de création avec l’argile en poterie ? Vous ne comprenez pas ce qui mène de l’argile au fond de votre jardin à une magnifique pièce qui a la capacité de durer des centaines d’années ? Nous allons reprendre les bases ensemble pour que vous compreniez quels sont les 7 états de l’argile et comment les reconnaître.
Qu’est-ce que l’argile en poterie ?
Il y a bien des aspects à décrire sur la matière argileuse. Ici on va se concentrer sur la composition de l’argile car c’est cela qui va nous permettre de mieux comprendre les états à atteindre en poterie.
L’argile est constituée d’alumine, de silice et d’eau. Si on regardait au microscope, on verrait que les molécules d’alumine et de silice viennent former des petites pastilles qui flottent ensemble autour de l’eau. Selon la façon dont les molécules sont agencées, et la quantité d’eau qui les séparent, l’argile va prendre des états très différents les uns des autres.
La barbotine : argile poterie à l’état liquide
C’est la forme la plus liquide que peut prendre l’argile. Elle ressemble à de la boue.
Les différentes sortes de barbotines
Il en existe différentes sortes.
- La barbotine de coulage qui est utilisée pour couler dans les moules par exemple.
- On peut obtenir de la barbotine de décoration. Celle-ci doit être très fluide et on peut y ajouter des oxydes pour lui donner des couleurs différentes. On la choisit claire de préférence pour bien faire ressortir les couleurs. Elle permet de réaliser de très nombreuses techniques de décor sur argile et notamment celles que je cite dans l’article : Décor sur argile à l’engobe : 7 techniques faciles
- La barbotine de collage est quant à elle constituée de morceaux de l’argile de travail séchés, broyés, puis déposés dans l’eau. Elle a la consistance du yaourt. Elle va permettre de souder des éléments ensemble (attacher des anses par exemple).
L’argile fraîche
L’argile fraîche est une argile fluide, plastique, facile à travailler qui a une couleur variable entre le rouge, le beige et le gris. On sent aussi qu’elle est fraîche si on la pose contre la joue car elle est bien gorgée d’eau. C’est dans cet état qu’elle est vendue en magasin de loisirs ou de poterie.
Les différentes sortes d’argile fraîche
Selon la famille d’argile : porcelaine, faïence, grès, vous n’aurez pas le même feeling en la manipulant. Certaines collent plus aux mains que d’autres, elles sont donc plus ou moins plastiques, plus ou moins malléables. C’est pourquoi elle n’auront pas toutes la même utilité.
Chaque potier, chaque céramiste aura sa préférence. Si elle contient de la chamotte elle se “tiendra mieux” quand on va la manipuler, c’est ce que va préférer un sculpteur. Au contraire on peut lui ajouter des matières ou d’autres argiles pour la rendre plus grasse (comme le ball-clay), c’est ce que va préférer un tourneur, une argile plus lisse et souple.
L’argile consistance cuir
La consistance de l’argile cuir est comparable au gruyère ou au chocolat (selon vos préférences gustatives 😉). Bien qu’elle soit encore humide, elle est assez solide pour se soutenir et garder sa forme lorsqu’une pression est exercée dessus.
C’est dans cet état que l’argile est très bien adaptée pour le « façonnage à la plaque« . Vous allez rechercher cette texture pour :
- coller des pièces ensemble en exerçant une bonne pression,
- retravailler une forme en tapant à la cuillère,
- évider une pièce sans la déformer.
C’est à cette consistance que se réalise le tournassage des pièces. Le tourneur va retravailler sur le tour l’arrondi d’un bol, son pied, sa lèvre, etc.
Les différentes sortes d’argiles consistance cuir
À ce stade toutes les argiles ont l’air d’avoir la même consistance. Pourtant elles n’ont pas la même “mémoire”. Prenons un exemple pour clarifier ce que j’entends par là. Il n’y a rien d’ésotérique ici.
Si je regardais au microscope une plaque de porcelaine, je verrais les petites pastilles qui la constituent plus ou moins dans le même agencement. Je secoue cette plaque comme un éventail, on dirait que son aspect n’a pas changé, la terre se tient. Pourtant si je regarde au microscope (on se projette un peu !) je verrais que j’ai perturbé les pastilles de porcelaine….
Cela n’apparaîtra de façon évidente qu’après la cuisson quand l’eau entre les pastilles se sera évaporée. La plaque sera réellement déformée. C’est ça la mémoire d’un geste qui paraissait si anodin !
L’argile de poterie une fois sèche
L’argile sèche est cassante. Une pièce sèche non cuite est donc très fragile.
À ce stade il ne reste plus “d’eau de façonnage” qui s’est complètement évaporée à l’air. Par contre elle contient toujours de l’eau dans sa structure profonde. Cette eau s’évaporera en début de cuisson.
Comment être sûre que la pièce est bien sèche ?
Il y a plusieurs facteurs :
- Sa couleur : elle a blanchi par rapport à sa couleur d’origine. Pensez aux galets sur la plage, c’est le même principe.
- Son poids : elle est réellement moins lourde puisque le poids de l’eau est soustrait.
- Sa température : elle n’est plus froide au toucher. C’est pour moi le critère le plus facile à évaluer, mais à vous de voir !
- Vous pouvez aussi briser en deux votre jolie pièce pour évaluer l’intérieur 🤭 si vous n’y tenez pas bien sûr !
L’argile de poterie biscuitée
À ce stade l’argile a subit une première cuisson. Elle est encore poreuse, mais elle a considérablement durci. C’est le temps de poncer ou d’ajouter les glaçures à la pièce qui vont pouvoir adhérer à la surface en séchant.
Une pièce biscuitée a également changé de couleur et la pièce est encore plus légère.
Attention à ce stade votre création reste encore un peu fragile, mais elle est bien plus facile à manipuler qu’une pièce crue.
Pour la petite histoire, en Inde un peu partout on utilise des petits gobelets biscuités en faïence rouge. Ils sont très vite fabriqués et à usage unique. Une fois qu’on a bu le thé chaï dedans on les jette dans la rue ! Voici une démo !
Personnellement c’était mon petit pêché à tous les jours durant mon passage en Inde ! On retrouve ainsi des bris de poterie un peu partout qui vont finir en poussière…Ça parait tout de même plus écologique que les gobelets en plastique ! 😊
L’argile de poterie cuite : la céramique
L’argile est cuite une deuxième fois à plus haute température que le biscuit. Elle dévoile alors vraiment son caractère. Selon le type d’argile elle sera encore poreuse ou non. Certaines argiles restent poreuses comme les faïences si on n’a appliqué aucune glaçure. D’autres argiles vont “vitrifier” comme le grès, elles deviendront imperméables. Cela dépend de la température de cuisson.
Sa couleur finale va aussi varier en fonction de sa nature, de la température à laquelle on la cuit, mais aussi du type de cuisson (raku, cuisson au bois, au four électrique, etc.)
L’argile à l’état brut (dans la nature)
Il faudrait ajouter à ces 6 états, l’argile qu’on trouve directement dans la nature. Elle peut prendre toutes les couleurs : rouge, violet, noir, gris… Contrairement à celle qu’on achète elle n’est pas préparée et contient souvent plus d’impuretés. Mais c’est l’argile qui a été utilisée au cours des siècles et si on aime aller creuser les sols et on pourrait très bien trouver des argiles intéressantes sans passer par le commerce.
Voilà j’espère que ce petit tour d’horizon des état de l’argile vous donnera envie d’aller plus loin dans l’apprentissage de cette matière si versatile et passionnante ! N’hésitez pas à télécharger le guide pour débuter la céramique comme un(e) pro pour en savoir plus sur les argiles de poterie.
10 Replies to “Comment reconnaitre les 7 états de l’argile en poterie ?”
Bonjour et merci !
J’ai un peu de mal avec la consistance cuir. Si j’ai bien compris ce que vous dites, une fois que j’ai fait la plaque, il faut que j’attende qu’elle soit cuir pour pour voir la façonner autour d’un support par exemple ? J’ai peur qu’elle fissure en la manipulant si je l’enroule autour d’un vase par exemple.
Pour faire des drapés, il vaut mieux utiliser des plaques plutôt molles et des plaques consistance cuir pour agencer des plaques ensembles pour des formes plus géométriques comme des boites (technique du galetage). Donc pour un vase, travaillez avec une plaque relativement molle au départ pour prendre la forme de l’objet. Tout dépend toutefois de la forme recherchée !
Bonjour et merci !
Dans cet article, vous parlez toujours de « l’argile à poterie ». Pour moi, c’est donc pour faire des pots (avec ou sans tour). Mais il me semble que beaucoup de ce que vous expliquez reste valable pour faire des carreaux, une tête, une petite maison (déco de jardin), etc. Toutes ces réalisations doivent-elles être englobées sous le terme « argile à poterie » ?
Bonjour Émilie et merci pour tout ce que tu partagés, c’est très intéressant et ça ouvre l’esprit ! 😁
Concernant les cuissons je travaille du grès, jusqu’à quelle température peut on cuire en biscuit une pièce sur laquelle on a appliqué un englobe ?
De même pour une cuisson haute température doit on cuire plutôt à la température mini ou maxi indiquée sur le pot d’email ?
Et quand on fait une mono cuisson avec email à t on plus de risques que la pièce se fende ?
Y a t il une différence de couleur d’un même email si on dispose sa pièce en haut ou en bas d’un four électrique ?
Voilà toutes mes questions… J’ai hâte de te lire pour répondre à mes interrogations… 😁 À bientôt ! Joyeuses fêtes de fin d’année ✨🎉
Bonjour,
Je débute avec argile sans cuisson je voudrais faire des vases.
Quelle argile est la meilleur, ou j’habite nous n’avons pas de boutique qui vend ces produits je dois commander en ligne.
Merci !
Johanne
Je lis avec interet vos articles et j’apprends au-dela du cours ou je pratique – MERCI Emilie
Tout d’abord merci pour tous ces partages.
Tu demandes si on a des questions, évidemment 😊 !!
Par exemple:
Sur la barbotine à décor, engobe, c’est ça ?
On me dit qu’on peut l’appliquer sur terre crue(consistance du cuir) ou sur terre cuite(biscuit), mais que la composition doit être différente.
As-tu la réponse à cette question ?
Bonjour Lo,
Sur biscuit l’engobe accroche moins bien, on peut mettre un peu d’émail dedans.
Tout est intéressant, car on croit savoir …et en fait on rectifie quelque chose que l’on avait mal compris , et on apprend tout le temps quelque chose de nouveau..
un article sur les phases géologiques de l’histoire de la terre qui nous permettent de récupérer aujourd’hui argile, kaolin, feldspath…..et même minéraux, m’intéresserait !!
bises
Françoise
merci, j’en prend note 🙂